Comprendre les symptômes comportementaux associés à Alzheimer

18 avril 2025

maladie-alzheimer-gral.com

Qu'entend-on par symptômes comportementaux dans la maladie d'Alzheimer ?

Les symptômes comportementaux regroupent un large éventail de manifestations. Contrairement aux troubles cognitifs comme la perte de mémoire ou les difficultés d’orientation, elles concernent l’humeur, les interactions sociales et certains comportements jugés inappropriés. Selon un rapport de l’INSERM, jusqu’à 90 % des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer présentent ces symptômes à un moment ou un autre de leur parcours.

Ces manifestations sont variées, mais elles reflètent toutes le même phénomène : des altérations dans les régions du cerveau responsables de la régulation des émotions, de l’expression des besoins ou encore du jugement social.

Les principaux symptômes comportementaux observés

1. L’agitation et l’agressivité

L’agitation est l’un des symptômes les plus fréquents et les plus marquants. Elle peut se traduire par des gestes brusques, une démarche incessante (errance), ou une difficulté à rester calme. Dans certains cas, cette agitation dégénère en agressivité physique (comme pousser, frapper) ou verbale (insultes, cris).

Pourquoi cela survient : L’agitation est souvent une réponse à un environnement perçu comme stressant ou incompréhensible. Une pièce bruyante, une routine bouleversée, ou même une frustration liée à l’incapacité d’exprimer un besoin peuvent déclencher ces comportements.

2. L’errance

L’errance ou la déambulation est un comportement emblématique chez certaines personnes atteintes d'Alzheimer. Cela consiste à marcher sans but apparent, parfois même en quittant la maison, ce qui peut engendrer des situations dangereuses.

Les explications possibles :

  • Un besoin de mouvement physique pour apaiser une anxiété.
  • Une recherche (d’un lieu connu, d’une personne, etc.).
  • Une désorientation dans l’espace ou dans le temps.

Selon l’association France Alzheimer, près de 60 % des personnes atteintes de démence errent régulièrement.

3. Les troubles de l’humeur : apathie, anxiété et dépression

Les troubles de l’humeur sont particulièrement fréquents. Une grande apathie peut s’installer, se manifestant par un désintérêt marqué pour les activités, la communication ou même l’hygiène personnelle. À l’opposé, on observe parfois une anxiété intense, marquée par des peurs irrationnelles ou un besoin constant de réassurance.

La dépression est également courante dans la maladie d'Alzheimer, surtout dans les phases précoces, où les patients peuvent encore avoir conscience de leurs pertes. Ces symptômes doivent être pris au sérieux, car ils aggravent le risque d’isolement social.

4. Les hallucinations et illusions

Entre 10 et 20 % des personnes atteintes d'Alzheimer développent des perceptions sensorielles erronées, comme des hallucinations visuelles (voir des objets ou des personnes inexistantes) ou auditives (entendre des sons qui ne sont pas réels).

Bien que spectaculaires et parfois angoissants pour les familles, ces phénomènes ne sont pas toujours source de détresse pour le malade. Par exemple, un patient peut « voir » un parent décédé et ressentir un certain apaisement. En revanche, d’autres hallucinations peuvent engendrer de la peur ou de la confusion.

5. Les comportements répétitifs ou obsessionnels

Certains patients développent des comportements répétitifs tels que frotter leurs mains, plier et déplier une serviette ou poser les mêmes questions en boucle. Ces gestes, bien que déroutants, peuvent être une manière pour eux d’apaiser une anxiété intérieure.

Dans d'autres cas, des obsessions inhabituelles se manifestent : collectionner certains objets, cacher des affaires ou ranger constamment.

6. Les changements dans le rythme sommeil-éveil

La maladie d'Alzheimer perturbe souvent les cycles naturels de sommeil. On note fréquemment une inversion du rythme jour-nuit : les patients dorment davantage durant la journée et restent éveillés la nuit. Ces troubles accentuent l’épuisement des aidants, qui doivent alors veiller à ce que leurs proches soient en sécurité la nuit.

Comment réagir face aux symptômes comportementaux ?

Faire face aux symptômes comportementaux est souvent source de stress et de désarroi pour les proches et les aidants. Voici quelques clés pour mieux gérer ces situations :

  • Restez calme : Même si certaines réactions sont déroutantes, gardez en tête que ces symptômes ne sont ni intentionnels ni dirigés contre vous.
  • Essayez d’identifier la cause : L’agitation ou l’agressivité sont souvent une réponse à un inconfort. Interrogez-vous : le patient a-t-il faim ? Soif ? Se sent-il isolé ou en danger dans un nouvel environnement ?
  • Simplifiez l’environnement : Une pièce encombrée ou bruyante peut exacerber la confusion et les angoisses. Essayez de créer un espace propice à l’apaisement.
  • Créez des routines : Une routine prévisible met le patient en confiance et réduit l’anxiété liée à l’inconnu.
  • Demandez de l’aide : N’hésitez pas à solliciter des professionnels, comme les équipes de soins palliatifs ou les associations spécialisées. Des outils comme des groupes de parole ou des formations pour les aidants peuvent également être précieux.

Quand consulter pour une prise en charge adaptée ?

Si certains symptômes légers peuvent être gérés avec patience et adaptation, d’autres nécessitent une intervention médicale. L’agressivité persistante, les hallucinations angoissantes ou les troubles majeurs du sommeil doivent être signalés à un médecin. Une prise en charge adaptée, incluant parfois des traitements médicamenteux ou non médicamenteux (musicothérapie, stimulation cognitive), peut grandement améliorer la qualité de vie.

Vers une meilleure compréhension des comportements liés à Alzheimer

Les comportements complexes associés à la maladie d'Alzheimer ne doivent pas être réduits à des « caprices » ou à un simple vieillissement. Ils sont l’expression d’une maladie qui altère profondément les capacités de perception, de raisonnement et d’expression. Être mieux informé sur ces symptômes permet non seulement de mieux accompagner au quotidien, mais aussi de développer davantage d’empathie pour les personnes atteintes.

Gardons à l’esprit que derrière chaque comportement perturbateur, il y a une émotion non exprimée ou un besoin non comblé. En apprenant à écouter ces signaux, nous pouvons aider nos proches tout en protégeant notre propre équilibre en tant qu’aidants.

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